[ Chronique & photos concert ] Citron & les chiens de tête, Seventy Minus One, We Told You So

Christian Lamothe
10 mai
6 min de lecture

La marmite du Trou du Diable est pleine!!! Sold Out, que l’on dit, plein plein plein de personnes qui se sont entassées pour voir trois formations qui ont compris l’art de la performance sur la scène. Je le dis souvent: quelle est une des grandes différences entre une bonne prestation et une fantastique? C’est la connaissance claire d’un groupe à comprendre et à définir l’aura qui va être dégagé sur scène, par la création de son personnage, par la dynamique claire du groupe et la compréhension du théâtre, soit la relation entre l’artiste et le public. Trop de groupes s'attendent à répondre à l’énergie de la foule quand ils devraient se soucier de créer ces moments d’intimité et d’impact avec leur auditoire. Par exemple, je pourrais avoir une crise de paralysie ou tomber de ma chaise si quelqu’un me disait que Dave Mustain de Megadeth est un grand performeur et qu’il le sait. Mais pour en revenir avec le spectacle de ce soir, me voilà face à des groupes de musique, qui, chacun à leur manière, ont réussi à captiver la salle en créant cette connexion claire, cette aura.

We Told You So

Jim Giguère: guitare et voix

Mathieu Massicotte: guitare/voix(back)

Dany Clément : batterie

Ambrosio o’higgins: basse/voix(back)

On les a vu, depuis quelque temps et à quelques reprises en duo, soit Jim et Mathieu faire des prestations acoustiques. Mais ce soir, ils sortent l’artillerie lourde; Dany et Ambrosio, ‘’ready to go’’! Pour inaugurer cette soirée, rien de tel qu’une Pabst Blue Ribbon pour nous assurer que nous ne sommes pas venus ici pour une dégustation de thé. C’est difficile à croire, alors que nous sommes si près de la vitre, avec une vue imprenable sur les cuves de bière de la brasserie du Trou du Diable. On poursuit avec Civil Disobedience qui anime notre cœur de révolutionnaire en dormance et Fairy Tales For Growing Ups qui commence à faire apparaître des ressorts sous les pieds de certains spectateurs. Ce que j’attendais de plus, pour les avoir vus à plusieurs reprises en peu de temps, de la nouveauté et ils nous en donnent avec Echoes qui passent solidement le test! On nous demande d’aller sur la scène pour pouvoir chanter Kill Me. Quelques valeureux guerriers du punk rock ont eu le courage de participer au refrain. Un peu de Mxpx, Punk Rawk Show pour le plaisir de tous et l’on termine avec remerciement, la chanson The Judge et moi qui me pose une question existentielle. Pourquoi, dans le monde du punk rock, quand on dit que la chanson est une ballade, ça finit toujours par un thrash? Matante Cécile, ‘’pas rapport’’, se fait dire que la prochaine chanson est une ballade et s’approche de la scène. ‘’Elle la pogne tu sa pof, tu penses!?!’’(dit en langage québécois). Mais ne vous inquiétez pas, Cécile est fictive, mais le thrash de la fin de la prestance de We Told You So ne l’était pas. On va les revoir bientôt un peu partout au Québec.

Seventy Minus One

El Kevo – guitare et voix

Nelson Henri – guitare et voix

Hugo Remacle – basse et voix

Eric Lafontaine – batterie

Le lancement de l’album Bad Voodoo est malheureusement retardé, mais ce soir, nous aurons quand même l’honneur d’entendre ces pièces en direct et avec un auditoire allumé.

Big sexy Nelly (Nelson) débute le spectacle en affirmant qu’ils seront pour nous une prescription contre la dépression. Cela prend encore plus son sens à la veille de la Semaine de la santé mentale. L’intro arrive et, avec le nouveau titre I Came Back, nous voilà parties pour une prestation qui déchire. Baby it’s the End, une autre chanson qui se déchaîne avec les ballons zèbres qui se lancent au travers de la foule. Que dire de Cursed que l’on a pu apprécier en vidéo, en spectacle c’est la totale débandade. Avec un courageux déguisé en zèbre qui se lance dans le thrash, ça ne prenait pas plus pour que je fasse du slam, moi, qui célèbre mon quarantième anniversaire de slam… Les fils se touchent et je deviens membre de la Légion des « brasse-camarades ». Quelle mauvaise idée, mais quelle dose de plaisir ! Je resterai tranquille, assis, un bon bout pour reprendre mon souffle de fumeur. Le mélange subtil de matériel ancien et récent se produit habillement.

1984 Sea You en Tea, Bad Voodoo, Hell Hotel : tous ces éléments se combinent harmonieusement, sans qu’aucun ne domine les autres. Lors de la prestation, bris aux percussions. Alors qu’Eric ''’almost naked ''répare son instrument, on assiste à une improvisation du duo El Kevo et Nelson. Ils nous font bien rire, ce qui garde la foule dans le mode animation. C’est fait avec brio et je le dis du fait que je fus très attentif sur la réaction des gens lors de la reprise de la musique, la température avait à peine baissé et, en peu de temps, le feu reprend entre nous et Seventy Minus One. Une finale avec Hugo Remacle, qui a un air de Silent Bob, mais qu’on ne pourrait pas appeler Silent Bass, lui qui a fourni un excellent soutien aux voix tout au long du spectacle, terminant en force en se joignant lui-même à la mêlée avec son instrument… malade ! On attend votre album de pied ferme les boys!

Citron et les chiens de tête

Citron: guitare voix

Tremblay: guitare voix

Danger: basse

Dober: batterie

Nous voilà arrivés à la tête d’affiche, un quatuor qui n'était pas monté sur scène depuis un an, mais qui était sur toutes les lèvres. En les écoutant pour la première fois, il y a quelques semaines, j’ai rapidement compris que ce groupe et était au rock, ce qu’un Elvis Gratton était au cinéma, qu’un Mike Ward était à l’humour ou Slap Shot était à un doublage à la Québécoise. Ça demande à l’auditeur la capacité d’aller vers une compréhension du 2e degré. Une acceptation de l’intention de caricaturer notre Québec dans la chanson avec l’intention de laisser parler le grossier, mais aussi le taquin et le cynique. Donc, si je veux être juste dans mon descriptif, je ne dois pas y aller avec un esprit fragile et constipé et jouer ‘’L’agacé’’ à chaque ligne… quoi, madame la rédactrice? Non, non, je ne cherche pas la chicane, je ne cherche pas à rire du chroniqueur… ok, j’ai compris, pas de gros mots...10-4!

Donc, je disais: Citron et les chiens de tête, comme Mononc Serge, Matante Mutante et autres, nous amènent dans un univers où l’on peut chanter tout haut, dans un défoulement total, ce qu’on garde parfois dans le silence. Mais, on doit se le dire, maudit que c’est le fun, comme à la lutte, de pouvoir enfin lâcher notre fou sans être sous les regards des critiques qui gonflent leurs ego. Maintenant, le show!!! Rock sale, Sodommiser le curé, Lé Danseuses et Boomers de Criss,... à peu près les chansons du début. Mon intention, d’écrire ça ainsi, n'est pas de vous tester. Mais ce que je vois dans la salle, c’est un lot important de personnes qui chantent avec le groupe, ils connaissent les refrains, ils s'amusent. Voulez vous me dire dans quel asile j’ai passé mes dix dernières années, pour ne pas connaître ce groupe? La réponse est magnifique et la formation s’éclate. Surtout Danger à la basse, quelle énergie, des ondes qu’il nous envoie sur son plaisir de jouer, d’être avec nous, de chanter sans micro (l’inverse du lipsing finalement). Je vois du body surfing et Citron ne se gêne pas de taquiner Shawinigan. J’ai adoré La Caissière avec son humour noir et Lé Races, avec cet esprit à la P. Falardeau qui nous amène cet univers du double sens. On y va avec Shawinigan et Cerveau = Zizi pour terminer devant une salle remplie de gens qui ne veulent pas vraiment partir, mais toute bonne chose à une fin… même quand tu es dans le Trou du Diable!!!

Mais pour ceux qui ont manqué cette soirée mémorable, sachez que Seventy Minus One et Citron & les chiens de tête, seront de retour sur scène le 4 juillet, à la Taverne Royale, lors du Festivoix. Juste vous informez que ça va sûrement être là aussi Sold Out, alors n’attendez pas à la dernière minute et oui, de la part d’El Kevo: attention aux faux billets et aux faux animaux (sauf les Zèbres).

Christian Lamothe, le ‘’sacrament’’ de chroniqueur de…l’Underground