[ Festival ] Lorsque le métal débarque à l’Agora

Jeudi 11 septembre dernier était une grosse soirée métal à Québec. Pour ouvrir les festivités de la 28e édition du festival Envol et Macadam, c'est le groupe Enfants Sauvages , tout droit sorti de la basse ville de Québec, qui ont littéralement pris d'assaut la scène de l'Agora avec leur punk-garage-hardcore. Du haut de sa banquette de voiture, ou bien soutenue par sa marchette, la chanteuse Rox Arcand nous livre une performance hors du commun. Dès les premières notes, le ton est donné pour cette soirée qui s'annonce très intense: le pit s’ouvre immédiatement. Nous avons eu droit à quelques chansons tirées de leur dernier album Avant la mort, sorti en mai dernier, dans lequel ils ont collaboré étroitement avec le défunt freak de Montréal. Entre les chansons, la frontwoman en profite pour interagir avec la foule et ajoute à l'aspect théâtral avec, entre autres, une scie tronçonneuse et une armée de femmes cagoulées. Mon moment favori fut l'hommage à Lucien Francoeur où l'on a pu entendre une fusion entre la poésie et un punk agressif. Ils ont très bien su prendre en charge le rôle de première partie et faire vivre une expérience incroyable à tous les festivaliers qui étaient présents.

Assurant la 2e partie, c’est le groupe de hardcore-punk GFK qui débarque après 12 ans d’absence sur les planches. Originaires de Québec, les musiciens nous livrent une performance intense et énergique, ressentie par la foule qui en profite pour trasher comme il se doit. Avec de gros riffs pesants, il était impossible de rester de marbre face à cette prestation. Le chanteur s'approprie la scène en courant et sautant un peu partout, montrant à quel point le groupe était heureux de faire leur retour. Entre les compositions, les membres ajoutent une touche d'humour en se faisant des blagues entre eux et avec le public, ce qui les rend encore plus attachants. Pour ma part, ce fut une très belle découverte. J'ai particulièrement aimé leur intervention mentionnant qu'il devrait y avoir plus de femmes sur la scène, enchaînant ainsi leur chanson She must rise, provenant de leur album In defense of politics. Malgré leur longue période d'absence, rien n'a paru sur scène. Ils étaient en plein contrôle, et j'espère avoir la chance de les voir à nouveau prochainement.

Par la suite, nous retrouvons Martyr. Le premier de 2 spectacles du chanteur/guitariste Dan « Chewy » Mongrain qui est aussi guitariste pour Voivod. C'est sans aucun doute le spectacle que j'attendais le plus, n'ayant pas encore eu la chance de les voir depuis leur réunion en 2023. C'était leur grand retour à Québec après 15 ans! Dès les premières notes de Warp Zone, j'étais conquis. Un métal technique et brutal livré avec tant de précision; c'est toujours impressionnant! Les pits s'ouvrent à nouveau, les nostalgiques sont au rendez-vous et les membres du groupe nous offrent une performance sans faute, fidèles à leurs habitudes. Les succès s'enchaînent, entremêlés de quelques anecdotes du chanteur qui nous fait voyager au travers des 3 albums de la formation. Durant la chanson Virtual emotions, on peut entendre la foule chanter à l'unisson. Ce fut un moment fort de la soirée. Ils terminent le carnage avec une de mes chansons favorites, Hopeless hope et je suis encore sans mot. Il va sans dire que je recommande à tous d'aller écouter et voir ce groupe. Le niveau de composition et de musicalité est franchement dans une catégorie à part selon moi.

C'est l'heure d'accueillir un groupe légendaire que nous connaissons bien: Voivod. Ils sont là en remplacement de Get the shot qui avait dû se retirer au début du mois d'août. Le quatuor ayant vu le jour à Jonquière en 1982, débute son spectacle avec la chanson Experiment tirée de l'album DImension Hatröss. Denis « Snake »Bélanger arrive sourire aux lèvres et les bras dans les airs. Ils enchaînent ensuite plusieurs succès provenant de différents opus. Les signatures sonores complexes et les incalculables changements de rythme hypnotisent les amateurs de métal présents. Le leader du groupe se permet aussi quelques blagues sur le bateau qui est amarré tout près de la scène avant de poursuivre avec des chansons plus old school, telles que: The unknown knows et Condemned to the gallows. D’ailleurs, cette dernière fut écrite il y a déjà 42 ans! Encore une fois, c'est une prestation infaillible qui se termine avec la chanson mythique et éponyme, Voivod. Après les avoir vus 7 fois en spectacle, cette performance se glisse facilement dans les meilleures que j'ai vues. Par contre, pas de reprise d'Astronomy Domine cette fois, probablement dû à un setlist écourté pour le festival. On peut dire que Voivod vieillit très bien et reste encore à ce jour très pertinent dans la scène métal.

Pour clôturer la soirée, c’est nul autre que Mononc’Serge et Anonymus qui débarquent avec leur métal canadien-français. Vêtu d’une jaquette d’hôpital et armé d’un soluté, Mononc’ lance les hostilités avec …La ligue du vieux pouèl. Immédiatement la foule se déchaîne, laissant place à du crowd surfing et des bousculades amicales en abondance. Nous avons droit à nouveau à une performance théâtrale remplie d’énergie. Au travers des bières qui coulent à flots, le trash assumé et percutant fait vibrer tous les spectateurs. Côté musical, Anonymus sont en grande forme: puissant, tight et visiblement très heureux de performer. Infatigables, ils enchaînent les compositions à un rythme effréné pour le plus grand bonheur des fans. Comme à l’habitude: Mononc’Serge est complètement déjanté et ça se fait ressentir. Après 1h sans répit, la prestation tire à sa fin. C’est vraiment une expérience incroyable de voir une proposition artistique unique en son genre, qui se fout des conventions. On ne pouvait pas demander mieux comme fin de soirée. Je suggère fortement de le vivre par vous même lors de leur prochain passage car ils ne laissent personne indifférent. 

Thierry Mercier